Les bailleurs sociaux sont en permanence à la recherche des moyens de mieux servir leurs demandeurs (leurs prospects) et leurs locataires (leurs clients), d’assurer le meilleur service au meilleur coût et de faire des logements qu’ils gèrent des vecteurs de l’intégration sociale et du bien-être urbain.
L’innovation de rupture en pratique : le DKCP chez les bailleurs sociaux
Le Club Management et Marketing, qui se veut être un atelier, un laboratoire d’idées, un lieu ressources permettant au management de redonner du sens aux changements à conduire, collabore avec Dauphine et MNM Consulting dans des programmes de recherche-action.
Déjà initiés et séduits par une première recherche menée en 2013 en méthode DKCP sur « La relation innovante au demandeur de logement », les organismes bailleurs sociaux ont voulu une nouvelle fois faire appel à l’équipe de consultants-chercheurs Dauphine-MNM pour déceler des pistes d’innovation concernant cette fois « La relation innovante des bailleurs aux locataires ».
Soucieux de proposer des solutions innovantes et robustes, MNM Consulting a travaillé en partenariat de recherche avec Albert David et l’équipe du M-Lab de Dauphine, pour coupler la méthode DKCP (pour l’identification des innovations en « laboratoires ») à la méthode 5 Steps (pour leur opérationnalisation en « incubateurs »), de manière à offrir une démarche allant jusqu’à la mise en œuvre des concepts retenus.
La théorie C-K, une axiomatique de la conception élaborée par Armand Hatchuel
Formalisée dans les années 2000 et maturée par la chaire de Théorie et Méthodes de la Conception Innovante de l’Ecole des Mines de Paris (Mines Paris Tech), dirigée par Armand HATCHUEL, la théorie C-K (Concept-Knowledge) a ensuite permis d’élaborer la méthode DKCP utilisée par de grandes entreprises telle que Thalès, Turbemoca, SNCF…
Son principe ? : Entraîner la réflexion collective en R&D vers des champs inconnus pour générer une innovation de rupture que l’on puisse traduire en projet.
Armand Hatchuel – Directeur du Centre de Gestion Scientifique des Mines Paris Tech, concepteur de la théorie C-K : « Cette théorie formalise un raisonnement de conception qui intègre et favorise la créativité. Elle est basée sur le principe d’un va-et-vient constant entre C, l’espace des Concepts où se forment les nouveaux objets, et K, Knowledge, l’espace des connaissances qui sont mobilisées pour cette conception, l’un alimentant l’autre dans un processus de réflexion en constante construction pour aboutir au final, d’une part à une ou plusieurs innovations originales, mais aussi à un espace de connaissances renouvelées ».
L’innovation de rupture par la méthode DKCP
L’application de la théorie C-K, déclinée à travers la méthode DKCP utilisée au sein d’ateliers collectifs de réflexion tente d’aller à l’encontre du sens commun et de créer une innovation de rupture. Cette méthode vise à casser les schémas mentaux, détruire les effets de fixation, se défaire de la « dépendance de sentier ».
On peut ainsi sortir le groupe de son identité de connaissances habituelles et doter le collectif de connaissances externes afin d’alimenter ses réflexions pour, au fur et à mesure, découvrir un champ ou un espace conceptuel inexploré.
Les ateliers DKCP
La phase D – Dans un premier temps, le but des ateliers est de partager une définition commune du sujet et de son périmètre afin de permettre le partage d’une vision commune du scope (objectif, démarche, périmètre).
La phase K – Dans un deuxième temps, les ateliers ont pour but d’agréger les connaissances internes et externes au sujet. On entend par connaissances internes les connaissances du sujet qui sont partagées par les personnes de la même organisation, tandis qu’on entend par connaissance externe toutes les connaissances extérieures à l’entreprise, dont on anticipe la valeur pour stimuler la génération de concepts innovants. Il peut s’agir que de connaissances de start-up qui ont des business models innovants ou une approche innovante vis-à-vis de leurs clients, par exemple, ou de connaissances liées à des expertises apparemment éloignées mais qui fournissent des analogies inspirantes. Cette agrégation des connaissances internes et externes permet de mettre tous les participants sur un pied d’égalité en partageant une base de connaissances communes et un langage commun. En intégrant les connaissances externes à l’entreprise, l’équipe d’encadrement des ateliers cherche à apporter de la rupture, afin d’éviter l’effet de fixation : les concepts utilisées en phase C sont produits, à partir de cette base.
La phase C – Dans la 3ème phase des ateliers, l’équipe travaille sur des idées les concepts liés aux connaissances. Ces idées de concepts permettent de trouver des thèmes d’exploration de champs d’innovation mais aussi de voir apparaître les premières déclinaisons opérationnelles possibles.
La phase P – La dernière phase de la méthode consiste en une opérationnalisation des concepts issus de la phase précédente. Il s’agit de faire travailler les équipes sur les déclinaisons opérationnelles possibles puis de classer les idées les plus solides, les plus prometteuses en fonction des objectifs de l’entreprise.
Dans ce DCKP sur la relation innovante au locataire, à l’issue de la phase P, cinq idées d’innovation ont été retenues. Elles seront les sujets des incubateurs mis en place localement.
Les incubateurs d’innovation pilotés grâce à la méthode 5 Steps
Les organismes sociaux vont maintenant mettre en place les incubateurs locaux portant les innovations. Ces incubateurs seront pilotés opérationnellement grâce à la méthode 5 Steps. Cette méthode permet de concrétiser et de déployer les plans d’actions et de piloter la performance. Dans le cadre des incubateurs, les roadmaps seront diffusées sur dans les entités locales, où le suivi des objectifs sera suivi au quotidien.
La méthode 5 Steps propose de déterminer 5 niveaux de progrès (« 5 steps™ »). Chaque niveau correspondant à une évolution significative de l’organisation vers l’atteinte de cet objectif. Contrairement à d’autres méthodes, ces 5 niveaux ne sont pas imposés : ils sont définis par l’organisation pour chaque sujet traité. Ainsi la méthode s’adapte au niveau de maturité de votre organisation et à ce qu’elle est capable de mettre en œuvre et non ce qu’elle souhaiterait. Ce découpage en 5 niveaux rythme le progrès en étapes successives et réalisables. Il permet à chaque collaborateur de suivre pas à pas la progression vers un objectif stratégique.
Par l’utilisation de la méthode 5 Steps, les bailleurs sociaux seront à même de piloter l’opérationnalisation des projets issus de la phase d’incubation.
Pour plus d’information
A lire :
- « Introduction à la conception innovante : Eléments théoriques et pratiques de la théorie C-K (Ed. Presse de l’Ecole des Mines-2013). Cet ouvrage a été dirigé par les doctorants de la Chaire Théorie et Méthodes de la conception innovante.
- «La méthode 5 Steps : Pour déployer efficacement une stratégie ! » Achetez sur Amazon
- Site d’exemples et de présentation de la méthode 5 Steps : http://www.5steps-method.com/
A voir :